lundi 15 juillet 2013

L'Azerbaïdjan, à la pointe de culture artistique au début du XXème siècle


S’il est bien un domaine où l’Azerbaïdjan a pu se montrer précurseur, c’est celui de la culture et des arts. Il est vrai que le pays était depuis plusieurs siècles la terre de grands auteurs, poètes et musiciens, et de traditions musicales très riches. C’est donc tout naturellement qu’il a été, au sein du monde musulman et caucasien, un des premiers pays à développer une politique artistique moderne. Ce tournant s’effectue au début du XXe siècle, sous l’impulsion des intellectuels azerbaïdjanais. Il concerne en particulier deux arts nouveaux : le cinéma, et la musique d’opéra.

L’Azerbaïdjan et le cinéma : une longue histoire
Dans le domaine du cinéma, l’Azerbaïdjan a été un pays précurseur. Il a été le premier pays du Caucase et d’Orient à s’intéresser à cette science nouvelle et à permettre son développement. Dès 1898, un Français, Alexandre Michon, commence à filmer Bakou et des scènes de la vie quotidienne. Le cinéma était né en Azerbaïdjan ! La population azérie accueillit avec beaucoup d’intérêt cet art nouveau et, très vite, Bakou devint un centre cinématographique.
Dès 1915, la première entreprise de cinéma est installée à Bakou, sous l’impulsion d’une compagnie belge.  La plupart des réalisateurs de l’époque sont russes (l’Azerbaïdjan fait alors partie de l’Empire Russe). Cependant, des acteurs azerbaïdjanais commencent déjà à être embauchés pour jouer des rôles importants, ou de la figuration. En particulier, en 1916, un roman azerbaïdjanais, « Dans le domaine du pétrole et des millions », d’Ibrahim Musabeyov, est adapté par le réalisateur russe Boris Svetlov. Un acteur azerbaïdjanais, Huseyin Arablinski, y incarne un rôle.
En 1920, l’invasion de la République d’Azerbaïdjan par l’Union Soviétique change la politique cinématographique, qui est nationalisée. Quoique soumis au contrôle politique, le cinéma azerbaïdjanais reste de grande qualité. A cette époque, très peu de pays musulmans ou asiatiques peuvent se flatter d’avoir une production cinématographique aussi importante.

Une culture musicale d’exception
Dans le domaine musical, aussi, l’Azerbaïdjan a été un pays précurseur. Certes, la musique est répandue aux quatre coins du globe depuis des millénaires. Mais l’Azerbaïdjan a su développer son style particulier, tout en s’adaptant très vite aux évolutions du monde moderne. Depuis des siècles, le pays avait développé un style de musique particulier, dont le mugham, musique traditionnelle persane et azérie, était un emblème.
Cependant, lorsque l’Azerbaïdjan s’ouvre sur le monde, européen en particulier, il parvient très vite à s’adapter aux évolutions et à la modernité de ce monde, sans renier sa propre identité. Cette évolution (qui s’effectue en même temps que le développement du cinéma dans le pays) est en grande partie due au grand compositeur et chef d’orchestre Huzeyir Hacibeyov. Ce dernier est considéré comme le premier compositeur d’opéra du monde musulman. Dès 1908, il adapte la pièce de Nizami Gendjavi, « Leyli ve Mecnun », en opéra. C’est la première fois qu’un opéra est composé et joué dans l’ensemble du monde musulman. Entre 1909 et 1915, il compose cinq autres opéras, confirmant ainsi son talent. Lors de la proclamation de la jeune République d’Azerbaïdjan, en 1918, il compose également son hymne national.

Ainsi l’Azerbaïdjan semble prendre un très important tournant artistique au début du XXe siècle, un tournant qui est une première dans la région. Il annonce la fondation de la future République d’Azerbaïdjan, progressiste et très en avance sur son temps. Il annonce également le mouvement de développement des arts qui va se développer dans le Caucase et dans le monde musulmans au cours du siècle. Dans un domaine aussi capital que l’art, l’Azerbaïdjan aura donc été un précurseur. 

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