S’il est bien un domaine où l’Azerbaïdjan
a pu se montrer précurseur, c’est celui de la culture et des arts. Il est vrai
que le pays était depuis plusieurs siècles la terre de grands auteurs, poètes
et musiciens, et de traditions musicales très riches. C’est donc tout
naturellement qu’il a été, au sein du monde musulman et caucasien, un des
premiers pays à développer une politique artistique moderne. Ce tournant s’effectue
au début du XXe siècle, sous l’impulsion des intellectuels
azerbaïdjanais. Il concerne en particulier deux arts nouveaux : le cinéma,
et la musique d’opéra.
L’Azerbaïdjan et le cinéma : une longue histoire
Dans le domaine du cinéma, l’Azerbaïdjan
a été un pays précurseur. Il a été le premier pays du Caucase et d’Orient à s’intéresser
à cette science nouvelle et à permettre son développement. Dès 1898, un
Français, Alexandre Michon, commence à filmer Bakou et des scènes de la vie
quotidienne. Le cinéma était né en Azerbaïdjan ! La population azérie
accueillit avec beaucoup d’intérêt cet art nouveau et, très vite, Bakou devint
un centre cinématographique.
Dès 1915, la première entreprise
de cinéma est installée à Bakou, sous l’impulsion d’une compagnie belge. La plupart des réalisateurs de l’époque sont
russes (l’Azerbaïdjan fait alors partie de l’Empire Russe). Cependant, des
acteurs azerbaïdjanais commencent déjà à être embauchés pour jouer des rôles
importants, ou de la figuration. En particulier, en 1916, un roman
azerbaïdjanais, « Dans le domaine du pétrole et des millions », d’Ibrahim
Musabeyov, est adapté par le réalisateur russe Boris Svetlov. Un acteur
azerbaïdjanais, Huseyin Arablinski, y incarne un rôle.
En 1920, l’invasion de la
République d’Azerbaïdjan par l’Union Soviétique change la politique
cinématographique, qui est nationalisée. Quoique soumis au contrôle politique,
le cinéma azerbaïdjanais reste de grande qualité. A cette époque, très peu de
pays musulmans ou asiatiques peuvent se flatter d’avoir une production
cinématographique aussi importante.
Une culture musicale d’exception
Dans le domaine musical, aussi, l’Azerbaïdjan
a été un pays précurseur. Certes, la musique est répandue aux quatre coins du
globe depuis des millénaires. Mais l’Azerbaïdjan a su développer son style
particulier, tout en s’adaptant très vite aux évolutions du monde moderne.
Depuis des siècles, le pays avait développé un style de musique particulier,
dont le mugham, musique traditionnelle persane et azérie, était un emblème.
Cependant, lorsque l’Azerbaïdjan
s’ouvre sur le monde, européen en particulier, il parvient très vite à s’adapter
aux évolutions et à la modernité de ce monde, sans renier sa propre identité.
Cette évolution (qui s’effectue en même temps que le développement du cinéma
dans le pays) est en grande partie due au grand compositeur et chef d’orchestre
Huzeyir Hacibeyov. Ce dernier est considéré comme le premier compositeur d’opéra
du monde musulman. Dès 1908, il adapte la pièce de Nizami Gendjavi, « Leyli
ve Mecnun », en opéra. C’est la première fois qu’un opéra est composé et
joué dans l’ensemble du monde musulman. Entre 1909 et 1915, il compose cinq
autres opéras, confirmant ainsi son talent. Lors de la proclamation de la jeune
République d’Azerbaïdjan, en 1918, il compose également son hymne national.