Azərbaycan dilini nə üçün öyrənmək ?
La question peut interpeller au premier abord, mais elle se pose ! Pourquoi ne pas choisir
l’azerbaïdjanais lorsque l’on désire apprendre une nouvelle langue ? Plus d’actualité de nos
jours qu’elle ne l’était durant le siècle dernier, et appelée à refaire parler d’elle à l’avenir,
cette langue très méconnue du grand public a pourtant beaucoup de choses à offrir à ceux qui
décident de s’y plonger.
Tout d’abord, de quoi parle-t-on ? L’Azerbaïdjanais est la langue officielle de la République
d’Azerbaïdjan. Elle n’est pas pour autant la seule langue parlée dans ce petit pays à l’histoire
plurimillénaire, mais elle est de loin la plus répandue. Elle est la langue de l’Etat, des médias
et la langue maternelle de plus de 90% de la population que l’on appelle « Azéris » ou
« Turcs-azéris ». A l’inverse l’azerbaïdjanais se parle hors des frontières de l’Azerbaïdjan et il
se parle même beaucoup compte tenu du fait qu’il y a beaucoup plus d’azéris vivant à
l’étranger que dans leur pays éponyme.
L’Azerbaïdjanais - langue du monde :
L’azerbaïdjanais est une langue avec laquelle il faut compter dans l’aire géographique du
Moyen Orient mais également dans le monde de manière général. On estime le nombre total
de locuteurs azéris aux environs de 35 millions. L’Azerbaïdjan compte plus de 9 millions
d’habitants. L’Iran qui abrite la plus grande communauté d’azéris au monde, principalement
établis au nord-ouest de son territoire, est donc de ce fait le pays où il y a le plus grand
nombre de locuteurs. Il est difficile de connaître le nombre exact d’azéris en Iran car entre le
gouvernement iranien qui veut à tout prix minimiser une prise de conscience régionaliste et
indépendantiste, et les nationalistes azéris qui se veulent le plus nombreux possible, on ne
peut que faire une estimation. Selon diverses sources on établit une fourchette de 18 à 30
millions d’azéris en Iran. Refermons la parenthèse politique ici. Les frontières de
l’Azerbaïdjan historique sont un vaste sujet et la partition des territoires du sud Caucase
remontant à la conquête de l’empire russe nécessite un approfondissement particulier. A ce
propos, l’azerbaïdjanais est la première langue parlée du Caucase en terme de locuteurs et a
été la lingua franca majeure des pays transcaucasiques du 16e siècle au début du 20e. On
trouve également de nombreux locuteurs en Fédération de Russie (entre 622 000 et 1.5
millions) et en Turquie (entre 530 000 et 2.5 millions), mais également aux Etats-Unis, en
Géorgie, au Kazakhstan, en Allemagne etc… mais pas encore assez en France !
D’autre part, s’intéresser à l’azerbaïdjanais c’est faire une plongée dans le monde turc et la
turcophonie. Cette dernière s’étire sur une aire géographique étendue et continue depuis les
Balkans jusqu’aux confins du lac Baïkal et de l’Extrême Orient russe. L’azerbaïdjanais
appartient au groupe des langues turques dites « oghouzes » de la famille des langues
altaïques. La bonne nouvelle pour quiconque étudie une langue turque c’est la proximité
linguistique de ces langues entre elles et donc la capacité d’un locuteur d’une de ces langues à
comprendre substantiellement une autre langue turque ; les langues appartenant au même
rameau linguistique étant réputées plus proches. Par exemple, l’azerbaïdjanais appartient au
même rameau ou sous groupe « oghouze » que le turc de Turquie, le turkmène, le gagaouze
des Balkans, le tatar de Crimée et le kachkaï du sud de l’Iran. Ainsi, un locuteur
d’azerbaïdjanais pourra comprendre rapidement sans trop d’effort un turkmène s’exprimant
dans sa langue natale. Par ailleurs, ce n’est pas pour autant qu’un locuteur d’azerbaïdjanais ne
comprendra pas de l’ouzbek ou du ouïghour qui appartiennent à un autre rameau, mais il
risquera de ressentir plus de difficulté de compréhension, particulièrement au début, mais les
langues turques sont ainsi faites qu’elles sont régulières et « fonctionnent » toutes selon la
même logique d’agglutination de suffixes.
Cette proximité est telle que dans certains cas, il n’y pas besoin de traduction, les locuteurs
des différentes langues se parlent et se comprennent même lorsque chacun parle sa langue
respective. L’ouzbek et le ouïghour en sont un des exemples même s’ils s’écrivent dans des
alphabets différents (cyrillique pour l’ouzbek et arabe et/ou chinois pour le ouïghour).
L’exemple le plus marquant et qui est souvent cité est la proximité entre le turc de Turquie et
l’azerbaïdjanais. En effet, on considère souvent ces deux langues comme étant celles à la plus
forte proximité. De surcroit elles sont toutes les deux transcrites en caractères latin pour notre
plus grand plaisir. Cela représente un avantage certain, quand on sait l’importance
économique que prendra la Turquie dans un avenir proche. On estime le nombre de locuteurs
de cette langue à 78 millions comme langue maternelle et environ 91 millions au total, sans
compter l’importance de son rayonnement culturel au Maghreb, au Moyen-Orient, en Asie
Centrale et en Russie grâce notamment au succès de ses séries télévisées.
Pour donner une idée précise au lecteur de la proximité entre l’azerbaïdjanais et le turc. Si
l’on faisait regarder une émission en azerbaïdjanais à un turc de Turquie, ce dernier serait à
même de comprendre environ 70% à 80% des dialogues sans efforts particuliers.
L’expérience inverse serait certainement d’autant plus concluante que depuis la chute de
l’URSS les chaînes turques connaissent un essor fulgurant en Azerbaïdjan faisant d’un grand
nombre d’azéris des bilingues malgré eux. Certains turcs de Turquie voient même (un peu à
tort) dans l’azerbaïdjanais la langue de la génération de leurs grands parents. En effet, le turc
parlé en Turquie à l’heure actuelle est né en 1928 de la « révolution des signes » d’Atatürk. Le
« père des turcs » avait souhaité moderniser et purifier la langue turque, ce qui se traduisit
entre autre par la romanisation de l’alphabet, l’abandon d’un nombre considérable de termes
principalement empruntés à l’arabe et au persan, et à la création systématique de néologisme
turco-turc pour éviter les emprunts linguistiques étrangers. Avant cela, la langue du peuple
appelée « osmanlı » ou turc ottoman s’écrivait en alphabet arabe modifié et employait
quantité de mots arabes et perses mais aussi français, allemands, etc…
Cependant, malgré le succès de la réforme linguistique de Mustapha Kemal, le turc de
Turquie connait beaucoup de variations sur son propre territoire. Si la langue officielle reste le
dialecte stambouliote parlé et compris de tous, divers patois subsistent dans de nombreux
villages et régions. On peut notamment parler du cas, au nord-est de la Turquie, du dialecte de
la ville de Kars et de ses alentours où le patois local est considéré par certains comme un
dialecte de l’azerbaïdjanais. Cela renvoi une fois de plus à l’histoire du grand Azerbaïdjan et à
sa partition.
Par ailleurs, l’azerbaidjanais a également énormément emprunté au persan et à l’arabe mais
aussi au russe plus récemment dans une moindre mesure. Le fait qu’il n’ait pas subi de
purification linguistique lui a permis de garder un vocabulaire très riche au point que
cohabitent des mots turcs et leurs équivalents arabes et persans laissant aux poètes et autres
amateurs de la langue le choix des mots.
Ainsi, faire le choix de l’azerbaïdjanais c’est faire le choix de parler la deuxième langue
turque au monde en termes de locuteurs, être capable de communiquer avec le reste de la
turcophonie notamment le membre le plus important (la Turquie), mais aussi acquérir un
vocabulaire varié permettant de connaître aussi un peu d’arabe, de persan ou de russe. Ce qui
est un attrait certain pour les polyglottes ou les gens destinés au commerce.
L’Azerbaïdjanais - langue exotique et simple :
Rentrons dans le vif du sujet : la langue en elle même, sa grammaire, sa structure etc…
Lançons-nous dans une présentation succincte sans trop développer non plus, pour que le
lecteur ait envie d’approfondir le sujet par lui-même.
Pour commencer, voici une petite astuce pour identifier de l’azerbaïdjanais à l’écrit parmi
plusieurs langues : il vous suffit d’identifier la lettre « ə » très répandue dans l’écriture
azerbaïdjanaise. Cette voyelle reconnaissable au premier coup d’oeil permet même au
néophyte d’identifier si le texte qu’il lit est bien de l’azerbaïdjanais ou non. Ce symbole en
fait déjà sa personnalité et son exotisme en quelques sortes, à l’instar du « «ъ» russe qui
redevient en Russie la marque d’un passé pré-soviétique glorieux et cultivé.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, l’alphabet utilisé est l’alphabet latin donc cela facilite
énormément l’apprentissage pour un occidental. Il suffira d’apprendre les quelques nuances
de prononciation de quelques consonnes et voyelles, mais ceci est l’affaire d’une après-midi
d’étude tout au plus. A titre d’exemple :
Le « q » se prononce comme le « g » français
Le « ı » ou « i dur » n’existe pas en français, analogue au « ы » russe
Le « ğ » comme le « r » dans Paris
Le « x » n’existe pas en français, analogue à la jota espagnole
Le « ə » n’existe pas en français, les français le rapproche souvent du son « è »
Le « ş» comme « ch »
Le « c » comme « dj »
Le « ç » comme « tch »
Le « u » comme « ou »
Le « ü » comme le « u » français
Le « o » comme le « o » français
Le « ö » comme « eu »
L’Azerbaïdjanais est comme toutes les langues turques une langue dite agglutinante. Qu’estce
que cela signifie ? Cela veut dire que l’azerbaïdjanais est une langue qui a recours à des
ajouts de suffixes pour exprimer les nuances grammaticales de la phrase. On retrouve
généralement un mot racine sur lequel se greffent une quantité parfois importante de suffixes
grammaticaux qui expriment le nombre, le temps, la personne et beaucoup d’autres nuances.
Une phrase entière en français peut correspondre à un mot en azerbaïdjanais. Et vu qu’un bon
exemple vaut mieux qu’un long discours, admirez le jeu de construction :
göz l’oeil
gözlər les yeux
gözlü celui qui a des yeux
gözsüz celui qui n’a pas d’yeux
gözlük des lunettes
gözlüklü celui qui porte des lunettes
gözlüksüz celui qui ne porte pas de lunettes, sans lunettes
gözlükçü un opticien
gözləmə une attente
gözləmək attendre
gözetçi un surveillant
Vous connaissez déjà vos premiers mots d’azerbaïdjanais et vous savez les prononcer.
L’apprentissage s’avère déjà plus rapide que pour du mandarin, du russe, ou de l’arabe non ?
L’azerbaïdjanais est une langue SOV (sujet-objet-verbe). On retrouve toujours le verbe à la
fin, c’est une constante, et le sujet peut être régulièrement omis car le verbe porte déjà la
marque de la personne comme suffixe. L’azerbaïdjanais est une langue qui évite les
redondances et va à l’essentiel. Il n’y a ni articles, ni genres
evimdəyəm / ev-im-də-yəm / maison-ma-dans-je / je suis dans ma maison
A l’oreille le dépaysement est aussi assuré car en plus de ces constructions agglutinantes
qu’on ne retrouve nulle part en Europe à part chez le finnois, le hongrois et le basque, les
racines altaïques font que la majorité des mots du vocabulaire sont étrangers de près comme
de loin aux locuteurs de langues indo-européennes.
Par ailleurs, l’azerbaïdjanais possède six cas (Nominatif, Génitif, Datif, Accusatif, Locatif,
Ablatif) très simple à mémoriser et sa grammaire étant très régulière, les règles à apprendre ne
souffrent pas ou peu d’exceptions.
L’Azerbaïdjanais - langue de la culture :
Apprendre une langue c’est aussi et avant tout apprendre une culture, et en matière de culture
l’Azerbaïdjan est un pays riche et varié aussi bien en ce qui concerne la musique, le cinéma,
l’architecture, la peinture, la sculpture ou la gastronomie.
Le premier opéra du monde musulman intitulé « Leyli et Majnun » a été créé et mis en scène
en 1908 en Azerbaïdjan en langue azerbaïdjanaise.
L’Azerbaïdjanais permet avant tout d’avoir accès à l’importante et très renommée littérature
azerbaïdjanaise qui s’étend sur une période de 1500 ans. Et si les oeuvres originales ont pu
s’écrire en alphabet de l’Orkhon, perso-arabe, ou cyrillique, ces oeuvres sont de nos jours
rééditées en alphabet latin.
La littérature azerbaïdjanaise compte nombre d’écrivains, de poètes, de philosophes, de
théologiens, de médecins, de mathématiciens, d’astronomes ou autres savants à l’image de
Nizami Ganjavi, Muhammad Fizuli et Nasir al-Din al-Tusi.
Les amoureux de poésie trouveront également matière à lire, les genres et styles poétiques
étant très variés dans la littérature azerbaïdjanaise. L’art poétique des ashiks (poètes-chanteurs
populaires) a même été inscrit à la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2009.
L’Azerbaïdjan est un pays très fier de son identité culturelle unique qui investit beaucoup
pour la préserver et la faire connaître à l’international, mais qui finance aussi des projets
culturels dans le monde entier notamment en France comme des vernissages, des expositions,
des concerts, des rénovations du patrimoine ou la construction d’églises.
L’Azerbaïdjanais - langue économique :
La bonne santé économique de l’Azerbaïdjan ces dernières années n’a échappé à personne sur
la scène internationale avec ses taux de croissance record. Le pays est devenu attractif
économiquement en raison de ses réserves d’hydrocarbure importantes. L’Azerbaïdjan, que
l’on appelle parfois terre de feux ou pays de la flamme éternelle, a le pétrole chevillé au corps
et ce depuis l’antiquité où les flammes jaillissant du sol ont fait naître un culte chez l’homme :
le zoroastrisme. Cette rente énergétique confère au pays une situation financière confortable et
lui offre une puissance en matière d’investissements unique dans la région. A titre d’exemple,
l’économie de l’Azerbaïdjan représente à elle seule 85% de l’économie du sud Caucase, et
son budget militaire est supérieure au budget totale de l’état voisin: l’Arménie.
Le pays se modernise à grande vitesse, et fait tout pour rattraper les standards occidentaux.
Vitrine économique du pays, la capitale (Bakou), s’est ornée de nombreux gratte-ciels et
immeubles à l’architecture contemporaine qui empiètent de plus en plus sur les vestiges de la
vieille ville. La ville attire des hommes d’affaire de toute la planète, mais souhaite rayonner
d’avantage et est candidate à la plupart des grands évènements comme les Jeux Olympiques
ou la Coupe du Monde de Football. Pour le moment, l’Azerbaïdjan n’a obtenu que
l’organisation du concours de chant de l’Eurovision en 2012, compétition qui lui réussit
particulièrement bien.
Les ressources d’hydrocarbure n’étant pas éternelles et avec une importante dépendance au
secteur énergétique, l’Azerbaïdjan commence à travailler à sa reconversion et à un meilleur
équilibre de son économie. Le terrain est propice à de nombreux marchés en expansion car
malgré son histoire plurimillénaire, l’Azerbaïdjan reste novice dans de nombreux domaines.
L’anglais étant peu parlé et le russe largement répandu mais en perte d’influence à long terme,
l’azerbaïdjanais reste la langue de l’économie locale en expansion et indispensable pour les
affaires. Plus l’économie de l’Azerbaïdjan se développera et plus la sphère d’influence de
l’azerbaïdjanais augmentera.
L’Azerbaïdjanais pour voyager :
Après avoir voyagé intérieurement grâce à l’étude de la langue et de sa culture, le but final
est bien sûr de voyager physiquement en Azerbaïdjan et voir par soi même ce microcosme au
carrefour des mondes turcs, russes, caucasiens et iraniens. Le tourisme n’est pas encore très
développé ce qui ne fera que renforcer l’authenticité du voyage et favorisera les interactions
avec la population avec laquelle vous pourrez discuter car vous aurez étudié l’azerbaïdjanais.
Les gens y sont accueillants mêlant hospitalité turque et hospitalité propre aux peuples du
Caucase. Sorti de la bouillonnante capitale, l’art de vivre est demeuré intact et l’on aime y
savourer le temps autour des indispensables « çay » (tasses de thé noir) qui rythment la
journée.
Un article entier ne suffirait pas à énumérer la liste des choses à voir en Azerbaïdjan. C’est un
des premiers sites de peuplement du monde comme en témoignent les peintures rupestres de
la réserve du Gobustan. Depuis de nombreux peuples et empires ont laissés des traces de leur
passage dans ce pays, enrichissant son patrimoine à chaque fois. Sans parler de sa géographie,
de ses paysages montagneux à couper le souffle, l’Azerbaïdjan est le seul pays au monde qui
offre 9 des 11 types de climat terrestre sur son territoire, des volcans de boue, une mer qui est
en réalité le plus grand lac du monde, la seule station balnéaire pétrolière,…
Vous l’aurez compris l’Azerbaïdjan est un pays à part qui mérite le déplacement et sa culture
que l’on s’y intéresse. Sa langue, l’azerbaïdjanais, est bien évidemment la clé qui ouvre la
porte. Et si après avoir lu cet article vous n’avez toujours pas trouvé la réponse à la question
initiale : « Pourquoi choisir d’apprendre l’azerbaïdjanais ? », je n’ai plus pour vous qu’une
ultime réponse : « Pourquoi pas ! ». Après tout, faut-il une raison particulière pour apprendre
une langue, et le hasard n’existant pas, vous avez peut-être lu cet article pour une raison
précise sans le savoir.
ABADJI Etienne